Mère Nature est une farceuse et même une sacrée garce, car franchement, nous avoir prodigué soleil, et températures estivales pour nous balancer sans prévenir un retour direction l'hiver, si c'est pas du vice...
Je m'y voyais déjà , en tongs dans le jardin, panama sur la tête, épaules chauffées par le soleil printanier à écouter les oiseaux et admirer les fleurs.
Je sais bien qu'en Avril, d'un fil on ne se découvre pas mais je suis d'une nature optimiste, j'y croyais moi à l'arrivée de l'été !
Sauf que pour l'été justement, on a failli et je ne sais pas vous, mais moi, ça me plombe gravement le moral ce retour au gris, ce crachin froid et invisible qui fait frissonner le dos et frisotter les cheveux.
Cela me donnerait presque l'excuse de rester sous la couette à attendre que le soleil revienne, pour de vrai cette fois.
Ca me donne des envies de douceur, de chaleur, de tendresse.
Des madeleines de Proust qui me trottent dans la tête, et que j'enfile pour un collier de souvenirs.
Instants d'enfance, roudoudoux et autres moments sucrés.
- Les boutons d'or qu'on se mettait sous le menton pour savoir si la tâche jaune révèlerait notre amour du beurre.
- Les verres bien épais de la cantine, avec le chiffre dedans, qui disaient notre âge et nous faisaient bien rire.
- Le pull, Ã col roulé, 100% synthétique, qui faisait crépiter les cheveux et les dresser sur la tête quand on le retirait d'un coup, vite vite.
- Le départ en vacances, 450 kms entre gauloises sans filtre de papa et gitanes de maman, à avoir chaud, à trouver le temps trop long, puis à finalement vomir sur papa, ou maman, ou les deux, histoire de bien commencer les vacances.
- Mes pieds glacés, sur ceux, si tièdes de mémère, m'endormir en l'écoutant me parler dans l'oreille, et me réveiller, tous les matins d'été, dans mon petit lit sans savoir comment j'y avais atterri.
- Les parties de mille bornes, avec les cousins, les cousines, les increvable, et autres sorties de route.
- Les courses d'escargots, toujours avec les cousins, le long du muret du jardin, quand le temps n'existait pas encore.
- L'an 2000, qui n'arriverait jamais, ou alors quand on serait très vieux.
- Les poires, juteuses, dorées, sucrées, poisseuses, cueillies dans l'arbre, avec leurs surprises, comme ce jour où j'ai mangé le ver qui frétillait dedans.
- Les parties de billes, en bas de l'immeuble, avec les plaques d'égout pour marquer le circuit et le trou final qui validait la victoire glorieuse, ou la cuisante défaite.
- Les lunettes de papa, trop noires, trop grandes, trop sévères, trop sales aussi.
- Les aiguilles de grand mère, un point à l'endroit, un point à l'envers, clic, clic, clic, et le pull est fini !
- La vache à eau, suspendue à l'arbre, les douches froides, le camping, les moustiques et les guêpes, la confiture qui colle et le beurre qui a tout fondu.
-Les petits plis sur le côté de la main, poing fermé, qui nous prédisaient le nombre d'enfants que nous aurions, plus tard, dans très très longtemps, quand on serait grands.
- Le pouce plein de salive de ma grand mère qui nettoie la trace de chocolat sur ma joue, et qui me mettait la honte mais que je regrette tant aujourd'hui.
Envie de douceur, de chaleur, de tendresse...
C'est comme cela que j'ai terminé hier au soir, devant un programme que nous affectionnons (Ã ma plus grande honte), Manou et moi : Les maçons du cÅ"ur.
Jubilatoirement régressif, dégoulinant de bons sentiments, débordant de pathos et de sentimentalisme à deux francs cinquante.
Une émission qu'on regarde, en catimini, seule sur son canapé, avec un bon plaid moelleux, un chocolat en bouche, juste pour ne pas rougir de pleurer à grosses larmes réconfortantes devant cette fillette leucémique découvrant les chambres décorées par l'équipe Disney, ou cette famille qui a tout perdu, laissant exploser une joie immense, à grands renforts de "oh my god" "oh my god".
Ces larmes faciles sont le trop plein qui déborde, des larmes à peu de frais, de l'émotion en soldes, mais qui lavent la tête et font tellement de bien au moral.
Dom
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