Oui, un gros mot dans le titre, et certainement plein d'autres dans ce post, et l'impression désagréable que certaines choses ne changeront jamais.
Amis du langage châtié et de la littérature, passez !
Aujourd'hui, c'est mode tata flingueuse.
Je ne vais pas parler des classements si précieux aux yeux des blogueurs, qu'ils soient Wikio, Elle, Cosmopolitan ou je ne sais lequel encore, mais d'autre chose, "IRL" comme certains disent, des vrais classements, de ceux qui font mal, de ceux où parfois on a même pas demandé à y être.
L'autre jour, veille de rentrée des classes, je vois bien que mon ado de fille a le moral en dessous du niveau de la mer, qu'elle peine à préparer ses affaires, et je la sens complètement démoralisée.
Quelques questions sans réponse, un peu de forcing et je finis par apprendre ce qui la met en si piteux état.
Un classement.
Pas n'importe quel classement, celui établi par ses crétines de camarades de classe, pour déterminer l'ordre en beauté des filles.
Le comble ! Quand les filles sont les pires ennemies d'elles mêmes.
Classement donc, dans lequel occupe ma Miss E d'amour, qu'est la plus belle du monde, l'avant dernière place.
Salopes de gamines.
Alors bien sûr, on relativise, on minimise, on les traite de crétines, d'andouilles, de nulles, ou juste d'adolescentes idiotes et futiles (pléonasme bonjour), bien sûr, j'ai consolé ma fille en tentant de la convaincre que ce n'était rien du tout, que ces filles, si promptes à la juger selon leurs critères à la con, ne connaissaient pas la vraie beauté, celle qui prend son temps pour s'épanouir, celle qui est plus discrète, celle qui se pare d'humour et d'intelligence, celle là , ornée des vertus du cÅ"ur.
Celle de ma fille quoi.
Bien sûr, je lui ai dit qu'elle est belle, que ses yeux noirs sont les plus beaux du monde, que son visage est doux et tendre, que je l'aime et la trouve si jolie, si pétillante, si pleine de vie et de charme. Mais c'est ma fille, et comme elle me l'a répondu : "Mais maman, pour toi, c'est normal que je sois la plus belle".
Les larmes que j'ai vues dans ses yeux m'ont rendu méchante, ces filles ont eu la chance de ne pas être sous ma main que je leur aurais appris à être moins connes.
Du coup, j'ai raconté à Miss E, comment, moi aussi, au même âge, d'autres adolescents, mâles cette fois là , mais tout aussi crétins, avaient eu l'idée d'établir un classement, avec des notes, histoire de mieux quantifier et classifier la beauté de filles du collège.
J'étais arrivée dernière, avec un magnifique zéro.
Dire que je m'en suis moquée ? C'est pas vrai.
Que je n'y ai attaché aucune importance ? Encore moins.
J'ai moi aussi, versé toutes les larmes de mon cÅ"ur, pleuré sur ma laideur et envié la beauté de ces filles si sûres d'elles mêmes, j'ai détesté ce garçon si beau que j'aimais en secret et qui ne m'avait regardée que pour me mettre cette note infamante.
Et la vie a continué, la roue a tourné aussi, Dame Nature est une farceuse comme j'aime à le dire, et d'ado disgracieuse, je suis devenue une jeune femme plutôt séduisante.
Et j'ai un jour retrouvé, sur une piste de ski, quelques années plus tard, l'un de ceux qui m'avaient si promptement jugée. Celui là même dont j'étais amoureuse.
J'étais bronzée, blonde, jolie, et lui, comme on dit à Abidjan, était devenu bien "boubou", tout moche.
Ce jour là j'ai tenu ma revanche, et ma foi, l'ai savourée.
Seulement en attendant, c'est ma fille qui est blessée, c'est elle qui souffre, et j'ai eu beau lui raconter cette anecdote, je sais bien que le mal est fait et la blessure indélébile.
La faute à qui ?
Notre société qui érige la beauté comme seul critère (avec le fric) d'intérêt digne de ce nom ?
A nous, mères, qui n'apprenons pas suffisamment à nos filles à s'affranchir de ces diktats à la con ?
Je n'ai pas la réponse, juste une colère.
Saloperies de classements !!
Dom
Edit de 15h00 : Aujourd'hui on me trouve aussi ici.
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