Journalism Online est une entreprise fondée par d'anciens patrons de presse US qui entendent mettre fin au modèle de la presse en ligne gratuite.
Pour se faire, Journalism Online tente de fédérer un maximum de producteurs de contenu éditorial, des groupes de presse ou de sites d'information en ligne. Le but est de persuader ces médias d'agir en concertation afin de tous ensemble mettre fin à la mise à disposition gratuite en ligne de leur contenu.
Toujours selon Journalism Online, déjà plus de 500 publications d'Europe et d'Amérique du nord, totalisant ensemble plus de 90 millions de visiteurs mensuels, auraient déjà signé une lettre d'intention.
Il faut dire que depuis quelques temps déjà , le modèle rencontre de plus en plus de difficultés : Pour un média papier, mettre de l'information en ligne gratuitement est une arme à double tranchant.
D'un coté, cela permet « d'accrocher » le lecteur et de pousser la vente du journal. Mais il ne faut pas se contenter de publier simplement les dépêches des agences de presse, il faut pouvoir y apporter un minimum d'analyse et de valeur ajoutée. L'opération a non seulement un coût mais en plus, d'un autre côté, il y a le risque d'en « donner trop » et de concurrencer directement l'édition papier.
Longtemps, on a cru que les revenus de la publicité allaient permettre de compenser le coût de la rédaction en ligne et les éventuelles pertes de tirage. Mais il faut bien admettre que les recettes de la pub en ligne stagnent, voire diminuent. En cause, la crise économique probablement, mais surtout l'explosion de l'offre de supports publicitaires en ligne. On estime en effet qu'entre 1,5 et 7 millions de pages internet se créent tous les jours...
Autre écueil : afin de donner une valeur ajoutée à leurs éditions en ligne, de nombreux journaux ont cru trouver une solution en proposant à leurs lecteurs de réagir en direct via des forums ou des sessions de chat. Mais cela est réalisé sans toujours tenir compte du fait que « la démocratie internet » donne la parole à tout le monde mais également à des personnes non représentatives du lectorat habituel de la publication, non motivées par une participation constructive à un débat. Résultat : de nombreux forums de presse ne contiennent que des commentaires sans intérêt, nuisibles à la réputation du journal hébergeur.
Quatrième et dernier clou du cercueil de la presse en ligne gratuite : les sites et moteurs de recherche qui proposent des fils infos directement alimentés par des agences de presse ou des flux RSS puisant leurs sources dans les portails de la presse en ligne justement... Ces sites, lourdement chargés de publicités, ne proposent que des dépêches sans valeurs ajoutée et souvent avec une mise en page des plus simples. Ils connaissent pourtant un grand succès, en témoignent 7sur7 , Actu24 ou google actualité .
Face à cette mort à petit feu, on peut observer plusieurs réactions des groupes de presse.
Il y a tout d'abord ceux qui n'ont jamais adopté le modèle gratuit. Se trouve à la tête de cette catégorie le vénérable Wall Street journal qui fait payer l'accès à la majorité du contenu mais qui offre tout de même quelques articles accrocheurs gratuitement. En Belgique, le journal économique L'Echo adopte la même stratégie. Le Monde est également un adepte du modèle mixte . Le journal français offre gratuitement des articles mais qui fait payer (6€ par mois) l'accès aux forums.
Quand l'accès au contenu est payant, on constate qu'il se fait le plus souvent sur base forfaitaire. On paye pour toute une édition, voire pour un accès illimité Ã toutes les éditions d'une période déterminée. Le développement des micro payements - par GSM notamment - généralise toutefois l'achat par article.
A l'opposé, on trouve des journaux qui continuent d'investir dans un contenu en ligne à valeur ajoutée, à l'exemple de la DH , et qui met en ligne son supplément sportif du lundi dès le dimanche soir.
Afin de ne pas « cannibaliser » les éditions papier, ces mêmes éditeurs créent en contrepartie des contenus ou des cadeaux exclusifs disponibles uniquement à l'achat d'une « hard-copy ». Ainsi, La Libre offre des couteaux de cuisine à ses lecteurs et Le Soir propose régulièrement des encyclopédies thématiques et des albums de bande dessinée.
Enfin, il y a ceux qui, à l'instar du Figaro , cherchent à étendre leur offre commerciale en mettant en place des boutiques en ligne où l'on peut acheter des voyages exclusifs, des bouteilles de vin, des gadgets « high tech », etc.
Difficile de dire à l'heure actuelle si l'accès payant à l'information en ligne va se généraliser ou non. Ce qui est certain, c'est que le modèle économique actuel n'est plus viable à long terme et que relativement rapidement, il faudra choisir entre une information « brute » sans analyse mais gratuite et une information plus complète, plus structurée, mais soit payante, soit lourdement chargée de publicité et d'offres commerciales annexes.