Les médias sociaux intéressent tout le monde, c'est un fait. Au fur et à mesure que les outils collaboratifs ou communautaires gagnent en maturité, on se rend compte que bien au-delà du potentiel « marketing », les outils dits de la génération « 2.0 » présentent également un intérêt certain pour les administrations ou le secteur non marchand.
Le travail d'investigation policière n'échappe pas à ce constat et désormais, tout service de police qui se veut moderne se doit d'intégrer internet et les médias sociaux dans son arsenal.
On le sait, tout ce qui se dit ou presque sur les réseaux sociaux est public et souvent, l'exhibitionnisme virtuel des internautes les pousse à révéler des informations qu'il aurait été préférable de garder sous silence.
L'actualité récente nous offre un exemple de petits délinquants identifiés suite à des déclarations intempestives ou à des photos publiées sur l'un ou l'autre forum.
Même à un niveau plus sérieux comme la lutte contre les associations de malfaiteurs ou les réseaux pédophiles, les enquêteurs des « computer crime unit » reconnaissent analyser régulièrement des réseaux comme Facebook afin d'identifier les relations et les interconnections entre les suspects et d'éventuels complices.
Les réseaux sociaux et les nouveaux médias peuvent également être utilisés ouvertement comme une source d'information. Récemment, la ville de New York a fait modifier les centrales d'appel du numéro d'urgence 911 afin qu'ils puissent recevoir des photos et vidéos recueillies à partir d'appareils mobiles. Le but de cette modification est de permettre aux citoyens de signaler en image des routes ou des trottoirs dégradés, des infractions aux règles de stationnement, du vandalisme, des immeubles à l'abandon, etc.
En Belgique, le site Ecops permet de signaler en ligne des délits commis sur ou via l'Internet. Toujours en Belgique, PoliceOnweb permet de déposer plainte pour des délits mineurs comme le vol de vélo, de cyclomoteur ou des faits de vandalisme (graffitis). Le système est cependant handicapé par le fait qu'il faut posséder une carte d'identité électronique (et un lecteur ad hoc) pour pouvoir l'utiliser. Certains détracteurs pensent également que les délits concernés par PoliceOnweb sont souvent destinés au « classement vertical » et que la mise en ligne d'un système automatisé ne sert qu'Ã accélérer la mise aux oubliettes de ce type de plainte...
Concernant des crimes beaucoup plus graves, le site néerlandais PolitieOnderzoeken,littéralement « La Police Recherche », relaye les appels à témoins et des avis de recherche de personnes disparues. Afin de motiver les témoignages, une récompense de 10 à 20.000 euros est offerte à toute personne apportant un élément décisif pour la résolution d'une affaire. Les détectives en herbe pouvant également trouver sur le site un résumé complet des faits, des archives multimédias, des cartes des lieux, etc.
Plus communautaire et plus collaboratif - le mot peut ici prendre un sens... particulier - et toujours aux Pays-Bas, Onze Wijk Veilig (Notre quartier plus sûr),propose de visualiser sur Google Maps les petits délits commis dans le quartier au cours des 6 dernières semaines. Le site regorge également de nombreuses informations sur le fonctionnement des services de police et il est également possible de signaler de nouveaux délits ou de s'enrôler dans le « comité de vigilance » local.
Cops2point0, est quand à lui un site américain, qui s'attache à relayer et à commenter les nombreuses informations et initiatives concernant l'utilisation des réseaux et médias comme twitter par exemple, en matière de prévention de crimes ou de collecte d'informations.
Les services de police peuvent également soigner leur réputation en dialoguant avec les citoyens via des réseaux ouverts type Facebook ou des plateformes sécurisées nécessitant une procédure d'identification préalable. Même le monde virtuel SecondLife hébergea un temps des commissariats virtuels, avant que ce média ne tombe un peu en désuétude.
La plus formidable illustration de l'utilisation de l'User Generated Content en matière d'investigations policières se trouve dans ce pseudo documentaire qui pointe du doigt la médiatisation totale de notre vie et la manière dont une enquête sur un incendie pourrait être résolue uniquement grâce à l'analyse des traces et des indices numériques laissés (volontairement) par les « suspects ».
La vidéo provient de The Onion, un site résolument politiquement incorrect qui regorge de vidéos du même acabit.