L'intellectuel québécois Jean Larose, dans l'Avent du livre électronique, publié dans le Devoir d'hier, est un autre cri du coeur* d'écrivain voyant la "montée" d'Internet et de sa "culture" comme barbare: «Une nouvelle humanité est en gestation dans la matrice, Ã qui l'étrange mot de «lecture» n'inspirera qu'un sourire de barbare supérieur. »
«Un spectre hante le monde du livre. [...] Le livre électronique n'est pas encore réel, mais chacun sent que toute résistance est vaine». Il s'en prend aux évangélistes, pourrait-on dire, qui annoncent un monde meilleur (Pierre Assouline, Hubert Guillaud, Brad Stone).
En particulier parce qu'ils prêchent une pratique d'une nouvelle lecture qui n'est ni encore effective ni réelle selon lui («je ne connais personne qui ait lu un livre au complet sur un écran»)
Les révélations des «croyants» aux nouvelles pratiques hypertextuelles semblent braquer l'auteur. «L'Avent du livre électronique répond en réalité Ã une vaste intimidation exercée contre tout ce qui réfléchit seul, lit seul, écrit seul.»
Je ne sais d'où vient cette sensation de persécution.
J'aimerais bien la comprendre parce qu'elle revient souvent: ceci tuera cela? Je ne crois pas. Nostalgie? Incompréhension? Une erreur de diagnostic? Ou tout simplement des appels de phare pour annoncer un naufrage de la pensée?
Pourtant même à la lecture de Pierre Assouline, qui écrit si bien,( N'ayez pas peur, ceci ne tuera pas cela !) il ne semble pas convaincu.
Sommes nous dans un dialogue de sourds?
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