Je souris toujours quand je constate à quel point une nouvelle plateforme ou une nouvelle déclinaison technologique peut soulever des passions et des controverses. Ça me rassure, en ces temps d'apathie et de cynisme, qu'il y a encore des champs d'évolution, quelle que soit la tendance de chaque propagandiste.
Je constate que le débat journalisme/technologie est polarisé soit par des praticiens qui appartiennent à l'un ou à l'autre des champs de pratique.
J'aime Twitter comme j'aime le Web parce que c'est le plus grand outil de démocratisation de l'information et de la communication. Le pouvoir est maintenant beaucoup moins concentré entre les mains d'un petit groupe mais peut appartenir à n'importe qui voulant s'appliquer à se servir des outils.
Par contre, Twitter, comme Facebook ne pourront jamais remplacer les medias de masse, tout simplement parce qu'ils sont limités et dans leur contenu et dans leurs cibles de diffusion. Oh, ils sont très rapides mais leur vélocité n'est pas garante de leur masse critique d'auditoire. Il faut être abonné et/ou suivre les sources pour les recevoir en privilégié. L'auditoire devient donc réduit tout comme le contenu diffusable. On a beau prétexter qu'on peut utiliser les engins de recherche de Twitter pour voir s'afficher les mises à jour des échanges, encore faut-il savoir utiliser les bons mots clés et surtout, on peut faire la même chose avec les engins de recherche généraliste. On n'a qu'à s'abonner à leur flux et on verra s'afficher tous les contenus récents, sur toutes les plateformes en temps réel. Sur les réseaux sociaux, une certaine masse critique de gens peut suivre de temps en temps mais on ne peut pas avoir ainsi toutes les sources sur tous les événements. Ce n'est pas un outil d'information global. En fait, on navigue dans la culture du scoop, une culture un peu malsaine qui n'est pas l'apanage de l'auditoire en général.
Je me suis amusé à suivre les divers courants d'informations qui explosaient autour de la mort de Natasha Richardson. C'était assez pathétique, les informations étaient contradictoires, souvent n'importe quoi et, finalement, provenaient de deux sources uniques, le New York Post (qui a été d'une inélégance extrême) et Time Out. À ceux-ci, TMZ est venu s'amuser à contredire les deux premiers. Même la très sérieuse Presse a cité les deux premiers journaux pour annoncer avant tout le monde la mort cérébrale de l'actrice. Les informations ne cessaient de rebondir d'un média à l'autre et tout ce que Twitter véhiculait, c'était des sources de seconde zone qui provenaient du même axe. En plus, l'info provenait de la même grande gueule, proche de la famille, qui avait téléphoné à la potineuse Liz Smith (qui venait d'ailleurs de perdre sa tribune, justement au Post et tentait de se redonner du lustre et une tribune).
Oui, les journaux se meurent doucement, tout simplement parce que le support papier est de moins en moins pertinent autant écologiquement que pour la volonté immédiate d'avoir l'information. Par contre, le journalisme sera de plus en plus important à une époque où on navigue dans une mer de données qu'on rend de moins en moins compréhensible en ne se préoccupant que de son indexation et de sa collection, mais pas de son analyse. Les médias devront être électroniques, immédiats et présents mais la qualité de leur information finira par leur donner leur pertinence. Ce sera difficile et compliqué, surtout en même temps qu'une crise économique fait basculer les sources de financement, mais ça se fera, j'en suis convaincu.
L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt... mais aussi à ceux qui restent éveillés...
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