Oh oh, Bruno vient de m'apprendre que Chris Anderson, rédacteur en chef de Wired Magazine, auteur de The Long Tail, a reconnu avoir copié plusieurs articles de Wikipédia dans son dernier livre, Free: The Future of a Radical Price.
En fait, c'est le Virginia Quarterly Review (VQR) qui a trouvé le plagiat forçant l'auteur à accuser son éditeur, Hyperion, d'avoir précipité la décision de retirer les citations (les citations dans un livre grand public, allez savoir pourquoi, est repoussoir, et les ventes s'en ressentent) à la dernière seconde. (info débusquée sur NowPublic). Les allégations de palgiat font références à du contenu copié sur Wikipédia (anglais), faute de frappe incluse (selon Silicon.fr qui cite The Guardian).
1- L'ironie, premièrement, consiste à copier une encyclopédie gratuite pour écrire un livre qui fait l'apologie du gratuit comme nouveau modèle d'affaires. Le titre au long est : Free: The Future of a Radical Price: The Economics of Abundance and Why Zero Pricing Is Changing the Face of Business. Plagier est pourtant vieux comme le monde (m'enfin vieux comme Gutenberg).
2- Seconde pensée embarrassante, est-il plus honteux de citer Wikipédia comme une source, ou l'utiliser Wikipédia comme source, comme le souligne un commentateur sur Gawker, cité par Carolyn Kellogg sur le blog Jacket Copy du Los Angeles Times.
3- Troisième réflexion cynique: Wikipédia est la source de référence informelle pour nombre de personnes. Grâce à Anderson, on peut maintenant le citer, via son livre, de façon formelle.
Ce qui est intéressant, quand on regarde les passages copiés (images sur l'article de VQR), c'est de voir la façon de travailler d'Anderson. Il prend un bout de texte, et, à la façon des moines copistes sur les palimpsestes, réécrit par-dessus, enlevant ici et là quelques mots, reformulant ou précisant le sens. (C'est le travail de certains journalistes qui recopient des communiqués de presse -quand ils ne copient pas tout entièrement sans rien changer).
Or, c'est la façon que les rédacteurs de Wikipeédia utilisent pour "améliorer" un texte. Ils réécrivent par dessus un texte existant pour l'améliorer. C'est ce que Anderson a fait. Mais cette version est dans son livre et non sur le site.
Cette méthode "de réécriture à la wiki" est une stratégie très intéressante et il ne faut pas voir cet incident comme isolé. Il permet rapidement de créer du texte comme un artiste pétrie sa glaise. Il permet aussi de reconnaître que certaines pensées se construisent toujours à partir d'une autre. Quoique, dans le cas des passages plagiés, ce ne sont pas des arguments centrales à la pensée du livre.
Notons aussi que le copier-coller ne me semble porter la même marque du Mal qu'avant. Avant l'ordinateur. Avant, on "recopiait", entièrement à la main des morceaux de texte et il était plus difficile de dire, oups, "j'ai oublié de citer". Un copier-coller aujourd'hui est si vite intercalé dans un texte électronique qu'il difficile, surtout sans les précautions de base, de le mélanger avec son propre texte...
Et on devra, tôt ou tard, aussi, crever l'abcès de Wikipédia comme étant persona non grata de la citation...
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Chris Anderson, page sur fr.Wikopedia
Wired Magazine, page sur fr.Wikopedia
Free, livre sur Amazon.com
Pour aller plus loin
(PDF) Les actes du colloque « Copié - collé... » Former à l'utilisation critique et responsable de l'information (débusqué par Éric Delcroix). Particulièrement pour le document de Rachid Safi "Le plagiat à l'heure d'internet (p154) ou il dit "le plagiat est nécessaire, le progrès l'impose" et "Le plagiat n'est pas une fatalité ni une nature humaine, mais une construction sociale et historique"
(PDF) Les usages d'Internet dans l'enseignement supérieur : « De la documentation... au plagiat » où on dit "3 étudiants sur 4 (77 %) déclarent avoir recours au "copier-coller""

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En fait, c'est le Virginia Quarterly Review (VQR) qui a trouvé le plagiat forçant l'auteur à accuser son éditeur, Hyperion, d'avoir précipité la décision de retirer les citations (les citations dans un livre grand public, allez savoir pourquoi, est repoussoir, et les ventes s'en ressentent) à la dernière seconde. (info débusquée sur NowPublic). Les allégations de palgiat font références à du contenu copié sur Wikipédia (anglais), faute de frappe incluse (selon Silicon.fr qui cite The Guardian).
1- L'ironie, premièrement, consiste à copier une encyclopédie gratuite pour écrire un livre qui fait l'apologie du gratuit comme nouveau modèle d'affaires. Le titre au long est : Free: The Future of a Radical Price: The Economics of Abundance and Why Zero Pricing Is Changing the Face of Business. Plagier est pourtant vieux comme le monde (m'enfin vieux comme Gutenberg).
2- Seconde pensée embarrassante, est-il plus honteux de citer Wikipédia comme une source, ou l'utiliser Wikipédia comme source, comme le souligne un commentateur sur Gawker, cité par Carolyn Kellogg sur le blog Jacket Copy du Los Angeles Times.
3- Troisième réflexion cynique: Wikipédia est la source de référence informelle pour nombre de personnes. Grâce à Anderson, on peut maintenant le citer, via son livre, de façon formelle.
Ce qui est intéressant, quand on regarde les passages copiés (images sur l'article de VQR), c'est de voir la façon de travailler d'Anderson. Il prend un bout de texte, et, à la façon des moines copistes sur les palimpsestes, réécrit par-dessus, enlevant ici et là quelques mots, reformulant ou précisant le sens. (C'est le travail de certains journalistes qui recopient des communiqués de presse -quand ils ne copient pas tout entièrement sans rien changer).
Or, c'est la façon que les rédacteurs de Wikipeédia utilisent pour "améliorer" un texte. Ils réécrivent par dessus un texte existant pour l'améliorer. C'est ce que Anderson a fait. Mais cette version est dans son livre et non sur le site.
Cette méthode "de réécriture à la wiki" est une stratégie très intéressante et il ne faut pas voir cet incident comme isolé. Il permet rapidement de créer du texte comme un artiste pétrie sa glaise. Il permet aussi de reconnaître que certaines pensées se construisent toujours à partir d'une autre. Quoique, dans le cas des passages plagiés, ce ne sont pas des arguments centrales à la pensée du livre.
Notons aussi que le copier-coller ne me semble porter la même marque du Mal qu'avant. Avant l'ordinateur. Avant, on "recopiait", entièrement à la main des morceaux de texte et il était plus difficile de dire, oups, "j'ai oublié de citer". Un copier-coller aujourd'hui est si vite intercalé dans un texte électronique qu'il difficile, surtout sans les précautions de base, de le mélanger avec son propre texte...
Et on devra, tôt ou tard, aussi, crever l'abcès de Wikipédia comme étant persona non grata de la citation...
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Chris Anderson, page sur fr.Wikopedia
Wired Magazine, page sur fr.Wikopedia
Free, livre sur Amazon.com
Pour aller plus loin
(PDF) Les actes du colloque « Copié - collé... » Former à l'utilisation critique et responsable de l'information (débusqué par Éric Delcroix). Particulièrement pour le document de Rachid Safi "Le plagiat à l'heure d'internet (p154) ou il dit "le plagiat est nécessaire, le progrès l'impose" et "Le plagiat n'est pas une fatalité ni une nature humaine, mais une construction sociale et historique"
(PDF) Les usages d'Internet dans l'enseignement supérieur : « De la documentation... au plagiat » où on dit "3 étudiants sur 4 (77 %) déclarent avoir recours au "copier-coller""
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