NB: Article publié sur les colonnes du journal Tunis Hebdo le 29/09
La plus belle réussite du web depuis dix ans ne se fait pas que des amis en ce moment. A force de glorifier le modèle Google et sa réussite fulgurante, la firme de Moutain View s'est vite fait des jaloux. Seulement, et depuis qu'elle s'est attaquée à divers domaines connexes à sa vocation originelle, le moteur de recherche, Google s'est aussi fait des concurrents qui pourraient bien se transformer en ennemis.
Google c'est un moteur de recherche, un aggregateur de News (Google News), une régie publicitaire (Adwords et Doubleclick), un modèle économique pour les éditeurs de sites (Adsense), un gestionnaire de flux RSS (feedburner), un outil de tracking (Google Analytics), une plateforme de partage de vidéos (youtube), de documents (Zoho), un outil de microblogging (Jaiku), un réseau social (Orkut), un type de Wikipedia (Knol), un éditeur de blogs (Blogspot), un webmail (Gmail), un outil de gestion de photo (Picasa)...et la lise est encore longue, très longue.
A toutes ces belles réalisations ou acquisitions, Google vient d'en ajouter deux autres qui a provoqué de vives réactions : Google Chrome, le navigateur web et Android le système d'exploitation de téléphone mobile.
En deux temps, Google vient d'attaquer deux nouveaux concurrents : Mozilla et son navigateur Firefox et Apple et son iPhone.
La concurrence n'est pas véritablement le cÅ"ur du problème ni la diversification de Google car toutes ses tentatives ne sont pas fructueuses (notamment Jaiku et Orkut largement distancés par Twitter et Facebook). La vraie question est celle d'une omniprésence Google qui provoque de plus en plus de réactions négatives.
L'utilisation de tant de services concentrés entre les mains d'une seule et unique entité ne nuit-il pas à terme à la créativité et au développement du web ? Ne risque-t-on pas d'avoir un Web optimisé pour Google ?
La stratégie d'acquisition de Google, qui bénéficie de fonds très important, a fait que plusieurs startups ont pour business model de « se faire racheter par Google » en travaillant selon les standards et les principes qui optimisent leurs chance de se vendre le plus rapidement possible.
Google concentre aujourd'hui de fait beaucoup de trop de données personnelles à travers ses différents services (navigateur, email, adsense, orkut...etc...) que la question ne cesse de se poser : quel risque pour notre vie privée? Quelle politique de protection de données personnelles met Google en Å"uvre pour garder ses données bien au chaud ? Dans quel cas Google pourrait donner accès à toutes ces données et dans quelle mesure le ferait-il ?
Face aux pressions de diverses organismes et associations, Google vient de reculer d'un pas dans sa position sur la vie privée. En réponse à des demandes pressantes, Google a décidé de réduire le délais de conservation des IP et historiques de recherche des internautes de 18 à 9 mois.
Une avancée intéressante certes mais qui risque bien d'être la dernière puisque Google a bien insisté sur la fait qu'ils ont une limite au-delà de laquelle il ne peuvent plus aller, au risque de nuire à la qualité du moteur de recherche.
Et c'est limites ne semble pas imposées uniquement par des questions techniques mais aussi par une certaine vision du web qu'a Google.
Un procès s'est tenu récemment, confrontant un coupe d'américain à Google à cause de Google Street View, le service de Google qui propose une vue panoramique de différentes rues du monde, avec les passants et les voitures en prime.
A l'accusation d'avoir diffusé des photos d'une maison prises depuis une rue privée, donc théoriquement impénétrable, le coupe d'américain s'est vu rétorquer que « même en plein désert, une vie privée totale n'existe pas ».
Ca en dit long sur la vision de Google de la vie privée.
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