Vendredi dernier, j'étais invité avec d'autres camarades (Gilles Klein, Laurent Dupin, Nicolas Voisin, Jean-Pierre Govekar) par la Netscouade à participer à une conférence/débat au studio 104. Une rencontre instructive autour du futur de la radio sur laquelle je reviens ici.
Nous avons tout d'abord assisté Ã la restitution des débats sur demainradiofrance.fr et je me suis intéressé plus particulièrement aux nouvelles formes d'interactivités et aux nouveaux modes de dialogues entre Radio France et ses auditeurs évoqués sur la plateforme :
- La première demande qui est ressortie de la consultation online concerne l'installation de forums pérennes, pour permettre notamment aux auditeurs de discuter entre eux. Les auditeurs/internautes ont d'ailleurs été nombreux à souhaiter l'ouverture d'une plate-forme internet permanente de débat entre les auditeurs et Radio France. Le sentiment d'attachement à la radio parait être un parfait ciment pour le développement d'une approche communautaire.
- Par contre, la question de l'interactivité Ã l'antenne a fait débat et les réponses sur le sujet ont été bien plus contrastées (et les résultats d'une enquête menée sur Télérama mettent en lumière ce scepticisme) : en clair, les auditeurs craignent que chaque émission se transforme en "discussion de comptoir". Les auditeurs semblent privilégier "l'interactivité indirecte" (72% des contributeurs s'étant prononcés opposés aux micros-trottoirs) et Twitter ou Facebook sont présentés comme des solutions adaptées.
J'ai eu à ce propos l'occasion de poser une question sur le regard que portait le groupe sur l'initiative de Thomas Baumgartner : ce dernier utilise Twitter pour recueillir questions et témoignages pour son émission Place De la Toile sur France Culture et il s'agit, il me semble, d'un dispositif qui répond parfaitement aux exigences des auditeurs puisqu'il permet d'entretenir une conversation en parallèle et de ne faire remonter les interventions que si et seulement si l'animateur les juge pertinentes.
C'est Bruno Patino, directeur de France Culture, qui m'a répondu : l'initiative est suivie mais un tel dispositif reste surtout adapté aux émissions qui traitent des nouvelles technologies. Sur ce point, je ne peux que me ranger du côté de Laurent Dupin, qui commente sur atelier.rfi.fr (Demain Radio France : la noble maison à la croisée du net) :
le web cantonné... aux sujets web? il m'est apparu enfin, que les expériences citées chez France Inter et France Infos restaient un peu limités aux émissions parlant du net et des nouvelles technologies. C'est un peu court en 2009, et l'enjeu est justement d'en faire des trousses à outils, pour tout journaliste, sur quelque thème que ce soit. Web 2.0, blog et réseaux ne sont que des outils de publication et de communication; ce sont des moyens pas des fins en soi ni une simple thématique d'actualités.
Pour le reste, David Kessler, chargé de la stratégie et des contenus à Radio France, a expliqué très justement que l'enjeu était surtout de comprendre les changements dans les usages : le "défi d'être présent partout" ; "du journalisme de remédiation", a surenchéri Laurent Dupin.
Jean-Paul Cluzel, président de Radio France, a lui aussi rappelé l'importance de ces nouvelles formes d'interactivité ("on attend de nous qu'on apporte notre expertise") et la nécessité pour la radio de s'adapter. Le point d'orgue de la rencontre a sans doute été son discours (disponible en version audio ici), révélateur à plus d'un titre de sa vision du futur de Radio France (et du sien) :
"Le seul petit bémol que j'apporterais à tout ce qui a été dit (mais c'est peut-être parce que la fragilité de mon avenir le rend plus possible), c'est que je pense qu'il y a bien des moment où il va falloir qu'on s'affranchisse peut-être un peu des règles juridiques.
Prenant l'exemple des podcasts lancés en 2006 par Radio France, il a poursuivi :
"La vérité c'est que l'on a lancé nos podcasts, avec un accord, je dois dire, assez fragile des journalistes ; mais les journalistes, dans leur immense majorité s'y sont ralliés très vite. (...) Et ce qui m'a frappé, c'est que nos équipes, techniques, de réalisation et autre, ce sont elles qui nous ont apporté des idées".
(...) J'ai entendu aussi ce que l'on disait pour une des émissions et Twitter : on invente un peu en marchant. Et je pense qu'il ne va pas falloir être trop restreints par des a priori, par des impossibilités juridiques, par des lourdeurs techniques, etc. On est dans un monde qui bouge beaucoup !"
Une dernière question est restée en suspens : que va faire Radio France des résultats de ces consultations ? Que va-t-on faire des suggestions des auditeurs ? demain, ... c'est quand ?
A écouter aussi :
Les temps forts de la RENCONTRE-DEBAT du 27 mars 2009 : 1 et 2